boarding est une initiative qui a l’ambition de soutenir et d’encourager les?réflexions et les créations sur les territoires de l’habiter, et de repérer les talents de demain. La première édition en 2014, titrée interactions, avait retenu 10 lauréats sur la thématique de l’espace public. L’édition 2016, placée sous le thème nouvelles manières d’habiter le monde, a sélectionné 30 projets de diplômes, dont 10 lauréats et 20 mentionnés, qui reflètent une nouvelle génération de postures et d’engagement.
L’urbanisation accélérée de la planète associée à la mondialisation de l’économie et de l’information ont façonné irrémédiablement la ville et l’architecture. Ces phénomènes, déjà à l’œuvre depuis des années, sont décuplés par les effets conjoints de la révolution numérique et de la crise écologique, impactant d’autant plus les conditions de l’habitation humaine. Comment les jeunes architectes, designers, paysagistes et urbanistes européens rendent-ils compte des nouvelles manières d’habiter le monde ? Comment explorent-ils les métiers dédiés à l’aménagement du cadre de vie ?
Cette deuxième édition de boarding explore ces questions entre engagement et responsabilité, qu’elles soient écologiques, économiques, citoyennes, culturelles, au regard du monde qui change. Les résultats de cet appel à projets européen coorganisé par arc en rêve centre d’architecture et l’école nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux sont exposés dans le cadre de constellation.s, le grand rendez-vous public créé par arc en rêve en 2016.
Les lauréats
projet |
étudiant·e·s |
vi(e)llage, une case communautaire à Nkol-Assi |
Tiphaine BERTHOME, Emmanuelle ROBIN |
les petits riens du tout |
Hélène Bucher, Clément Aquilina, Boris Juillard, Sarah Malnoury, Céline Tcherkassky, Jérôme Vatere / équipe ICI! |
archipel industriel |
Thomas Combes |
les chemins de l’Atacama |
Emmanuelle Epardeau, Julie Disandro |
greenpoint’s greenfield |
Gabriel Foulquier-Gazagnes |
periland - de la zone à la ville - |
Marc-Antoine Galup, Louis Falcon de Longevialle / équipe 4F-2 |
dix logements à Bois-de-Villers |
Pierre Gréaume |
Montreuil en commun |
Pierre-Aimé Herfeld, Axel Galzin / équipe ag+pah |
stratégie de reconnexion et d'aménagement des quais du Sabarmati |
Ana Rosa Maroto Gomez / équipe Coutures |
l’oasis du cyborg débranché : narration d’une ville blanche |
François Martel |
En deçà d’un foisonnement d’idées, la deuxième session de boarding reflète une nouvelle génération de postures et d’engagements. Chaque projet peut être vu comme l’expression d’une responsabilité, qu’elle soit écologique, économique, sociale, citoyenne, culturelle ou même anthropologique. Chacun d’eux pose une question aux implications bien plus étendues puisque sont tour à tour abordés les sujets sur l’adaptation aux risques naturels et climatiques, la production et la distribution alimentaire des métropoles, l’avenir de zones commerciales et de formes pavillonnaires, l’extinction d’artisanats traditionnels, les effets et contre-effets de la révolution numérique, la fragilité d’établissements humains isolés ou le développement d’un tourisme responsable. L’espace public et ses interactions, thème de la précédente session de boarding, apparaît au travers de réflexions sur la production collective de l’urbain et l’activation de réseaux de partage et d’initiatives. Les clés de lecture sont donc multiples et nous avons choisi trois motifs pour les rassembler.
Ressources discrètes et adaptations
Sur la rive urbaine d’un fleuve indien, Ana Rosa Maroto Gómez imagine le foisonnement d’activités et d’habitats perchés sur un mur-digue qui protège des crues, mais coupe la ville de son fleuve. Au cœur de la forêt camerounaise, le projet de case communautaire porté par Tiphaine Berthomé et Emmanuelle Robin allie savamment la culture et la technique en faisant appel à des ressources humaines et naturelles locales. Dans l’aridité d’un désert chilien, Julie Disandro et Emmanuelle Epardeau dessinent des chemins de traverse au tourisme international, au bénéfice d’une économie locale. Dans la campagne belge, proche de Namur, Pierre Gréaume propose une variation sur le thème de l’habitation individuelle.
Fictions et interpellations
Plusieurs propositions retiennent l’attention par leur capacité d’interpellation : François Martel interroge la possibilité de se soustraire à un monde numérique : son oasis contemporaine au cœur de Bruxelles interpelle notre condition d’humain connecté. Gabriel Foulquier-Gazagnes a choisi les piers de New York pour poser le débat du risque et de la question alimentaire avec un projet de fermes verticales habitées. Les devenirs possibles des zones commerciales dans l’agglomération lilloise inspirent à Louis Falcon de Longevialle et Marc-Antoine Galup deux hypothèses de mutation et de subversion par la réintroduction de formes habitées.
Médiations et mise en réseau d’initiatives
Sur l’île Saint-Denis, près de Paris, les architectes tout-terrain du collectif Ici ! mobilisent une méthode collaborative à rebours de la participation institutionnelle, renouant avec le sens premier du bricolage. Axel Galzin et Pierre Aimé Herfeld expérimentent à Montreuil des mécanismes de régénération urbaine à partir d’installations et d’architectures provisoires qui s’adaptent à des appropriations successives. À Graulhet, non loin de Toulouse, Thomas Combe met des inventaires patrimoniaux minutieux au service de projets de particuliers pour sauvegarder, reconvertir et faire revivre d’anciens ateliers de tannage. Aussi, ces travaux interrogent-ils le rôle et la position du concepteur, architecte, urbaniste, paysagiste davantage comme médiateurs et transmetteurs – attentifs aux valeurs humaines comme à l’économie des ressources. Ces travaux reflètent peut-être l’exigence d’une génération, celle consistant à cultiver son être-au-monde par le projet, pour se sentir en accord, engagés et responsables.