arc en rêve donne à redécouvrir l’œuvre de l’architecte bordelais Jacques Hondelatte.
Pour la première exposition réalisée par arc en rêve en 1988 dans les combles de l’Entrepôt, dédiée également à Christian Hauvette et Francis Soler, Jacques Hondelatte avait fait le choix d’exposer le prototype d’un appartement à dimension réelle. Il s’agissait déjà pour lui d’affirmer l’impérieuse nécessité d’offrir des espaces emplis de liberté et de merveilleuses inventions.
À Bordeaux, trois réalisations témoignent de cette œuvre singulière, une à vocation publique, l’internat Gustave-Eiffel cours de la Marne, et deux programmes privés, la maison Sécherre à Saint-Aubin-du-Médoc, et un immeuble d’habitation dans le quartier des Chartrons, lequel projet a donné lieu à l’exposition Hondelatte-Lacaton-Vassal en 1991.
L’exposition Des Grattes-Ciel dans la tête créée par Patrice Goulet à l’IFA, et présentée dans la grande galerie d’arc en rêve en 1999, révélait, au-delà de la désinvolture et la malice de Jacques, le talent exceptionnel d’Hondelatte et la puissance inouïe de ses projets réalisés ou non, comme le viaduc de Millau, le TGI de Bordeaux, le Mont-Saint-Michel.
L’œuvre de Jacques Hondelatte n’a cessé de nous surprendre et nous enchanter. Son travail reste présent à la mémoire de tous ceux qui l’ont connu, particulièrement à Bordeaux, notamment ses élèves. Rares sont ses bâtiments, précieuses sont les traces de son œuvre emplie de poésie, démontrant par là ce qu’il en est de la valeur ajoutée architecture.
Cette nouvelle exposition réalisée par arc en rêve avec Félix Beytout, son petit-fils qui a pris le chemin du métier d’architecte, et Juan Pérez-Amaya, artiste colombien, présente des morceaux choisis, paroles, extraits de conférences, photos de Bernard Plossu, dessins de l’agence, archives, publications, dans une scénographie inspirée de l’énigme des huit colonnes.
*« Le directeur d’un zoo souhaitait acquérir un couple de chacals. Chacals comme festivals ou chacaux comme chevaux ? Il hésitait. Aussi écrivit-il : Monsieur, je vous prie de bien vouloir me livrer un chacal aux conditions indiquées dans votre catalogue. Il ajouta en post-scriptum?; tout bien réfléchi, il me faudrait plutôt un couple ».
Il y a quelques années, Jacques Hondelatte, adorait raconter cette histoire. Pourquoi s’angoisser à résoudre un problème si, par une astuce, on peut éliminer le problème ? Artifice et astuce sont des raccourcis, et prendre un raccourci n’est pas le propre de l’enchantement ? C’est ainsi qu’avec une baguette, une citrouille peut devenir carrosse, qu’avec trois numéros, un ascenseur peut transformer une maison en gratte-ciel, qu’une situation difficile peut se résoudre apparemment sans effort.
Il y a manifestement un côté magique dans le travail de Jacques Hondelatte. Ne traque-t-il pas toujours derrière les dures réalités d’aujourd’hui un monde merveilleux qu’il s’emploie obstinément à révéler et à enrichir ? Tout ce qu’il fait lui paraît ainsi normal, naturel, évident, alors même qu’il prend à rebrousse-poil toutes nos certitudes.
Patrice Goulet
extrait de Jacques Hondelatte, Des Gratte-ciel dans la tête, éditions Norma, Paris, 2002