exploration
  • Nous sommes amour

  • André Tavares

Si l'infrastructure et l'organisation des grands festivals d'été relèvent sans aucun doute d'une conception étendue de l'architecture, le Boom Festival, principal événement de musique psychédélique au Portugal, pourrait même prétendre s'inscrire dans une perspective architecturale au sens strict du terme. L'architecture est d'abord présente dans les constructions qui y ont été érigés, l’évènement s'étant fixé, dès son commencement en 1997, des objectifs de qualité et de durabilité, avec tout un registre de créations impressionnantes en toile et en bambou. Véritable ville éphémère dans un paysage thématisé, le festival poursuit session après session son chemin alternatif, en étoffant la cité imaginative auquel il donne lieu. André Tavares ne se limite cependant pas à ce premier niveau d'interprétation et s'attache à penser l'événement comme un fait sociologique d'architecture. À l'heure où l'identité se concentre de plus en plus sur les smartphones, un rassemblement festif peut devenir représentatif d’un sens du collectif. Ce texte a été publié pour la première fois en 2015 dans la publication Jornal Arquitectos. Nous le reproduisons pour la première fois en français, avec l'aimable autorisation de son auteur.

Il existe un festival d'été qui a su intégrer l'architecture comme un élément central de sa programmation : le Boom Festival. Ce n'est pas seulement la musique et l'expérience collective qui attirent des milliers de personnes au même endroit, au même moment, mais aussi la volonté de ce festival de devenir un vecteur de changement. Son ambition est de « créer une réalité ayant un impact positif sur son environnement, tout en contribuant à l’éducation et à la connaissance ». Si l'architecture du Boom Festival n'a rien de conforme, elle répond à certaines considérations techniques et à des problèmes environnementaux sans pour autant remettre en cause l'expérience musicale psychédélique. C'est peut-être pour cette raison que l'organisation de l'espace et des formes construites offre des pistes pour dépasser les limites des conventions et repenser l'univers tel que nous le connaissons. « Nous sommes amour » est le thème de ce festival : y a-t-il donc de la place pour une architecture de l'amour ?

© Valter Vinagre
© Valter Vinagre

Une politique logistique

Chaque été, les festivals de musique se multiplient. Chaque festival a sa propre organisation complexe, qui consiste pour l’essentiel à accueillir temporairement des milliers de personnes dans un lieu circonscrit. Il s'agit d'opérations proches de l'architecture militaire, avec le déploiement de structures légères et de systèmes d'approvisionnement capables de garantir le confort des personnes et la jouissance d'un moment unique. En quelques semaines, des villes sont montées et démontées, avec des zones d'habitation (camping) et de commerce (essentiellement alimentaire, mais pas seulement), des parkings pour des milliers de véhicules, des quais de chargement et de déchargement pour la livraison de marchandises, pendant que les projecteurs sont braqués sur les scènes et les mises en scènes grandioses. Dans la plupart des cas, l'architecture succombe aux exigences de l'ingénierie et des systèmes modulaires industrialisés, mais il existe un festival portugais où l'architecture joue un rôle prépondérant, et où, du marketing à l'expérience physique du lieu, l'organisation de l'espace et les formes construites sont des éléments centraux de la conception de l’événement.

Le Boom Festival, le plus international de tous les festivals portugais, qui puise ses racines dans la culture psychédélique et la musique trance, est également un festival d'architecture.

L'importance accordée à l'architecture correspond aux préoccupations sociales et écologiques qui sous-tendent la culture spécifique de l’évènement. Le discours sur la durabilité, les énergies renouvelables, le compostage des déchets, la protection des écosystèmes, l’écoconstruction et les pratiques respectueuses de l'environnement fait partie d'une position politique adoptée par l'organisation et les participants au festival. Il ne s'agit pas de se donner bonne conscience ou de faire de fournir les éléments de langage afin d’accaparer des financements publics, puisque la seule vente des billets couvre entièrement les frais du festival (les billets coûtent entre 120 et 160 euros, leur nombre est strictement contrôlé, et l'événement affichant complet bien avant son lancement). En d'autres termes, les organisateurs et les fans du festival croient fermement qu'il est possible de construire un monde alternatif à celui de la société de consommation. La matérialisation de l'espace du festival reflète cette conviction et prend des formes objectives. Tout cela se passe sans tenir compte du fait que la réalité est beaucoup plus dure que le rêve et que, en fin de compte, les activités et les stratégies du festival s'inscrivent dans le contexte social et économique auquel elles s'opposent. Cette domestication explique la « troisième vague » que traverse le Boom Festival : si, dans ses premières années, il s'agissait d'un festival ouvertement anarchiste, passant ensuite par une période psychédélique, le Boom Festival est aujourd'hui dans une phase résolument « éco-technologique ».

Pendant sept jours au mois d'août, l'enceinte du festival accueille environ 30 000 personnes, actives 24 heures sur 24. Comment organiser un espace de cette nature ? Selon Artur Mendes, l'un des organisateurs du festival, la stratégie semble simple, à mi-chemin entre une théorie vitruvienne et une conception moderne de la planification. Le travail commence par l'étude du lieu, à savoir les caractéristiques topographiques et géologiques de son terrain, les ressources en eau et les cours d'eau, l'existence de zones naturellement ombragées, les pentes les plus appropriées pour la construction des gradins. La deuxième phase consiste à confronter le plan de zonage au système de flux : un festival est constitué de personnes qui circulent, entre les zones de camping et de scène, entre les zones de repos et les zones de restauration. Les flux du public découvrent la nature du lieu et tout semble se faire naturellement, comme si la singularité de l'expérience sociale psychédélique avait en quelque sorte effacé l'effort et la raison qui avaient présidé à la conception et au design de l'enceinte.

Herdade da Granja, un domaine qui s'étend sur environ 150 hectares sur les rives du réservoir formé par le barrage d'Idanha, est occupé par les aires de repos et les différentes scènes du festival. Autour de cet espace central, 41,3 hectares sont utilisés pour le camping, 19,1 hectares pour les caravanes (et les tentes) et 19 hectares pour le stationnement des voitures. Il n'y a qu'un seul point de contrôle d'accès et l'ensemble de l'enceinte est soigneusement clôturé. Malgré le système d'accès et la disponibilité des transports publics, ce sont les files interminables de véhicules recouverts d'une fine poussière qui marquent l'entrée dans le Boom world. Des tracteurs transformés en navettes transportent les visiteurs entre le parking, le camping et le centre des événements du festival : les rives du réservoir, où se trouvent les scènes de concert et les tentes de danse. Il y a des aspects logistiques cruciaux, comme la gestion de l'eau consommée dans les douches (l'eau est fournie gratuitement par le réseau public), ou la décision de composter les déchets solides des toilettes. C'est là que l'on voit aussi le côté écologique du festival, lorsque les organisateurs affirment que « nous aimons transformer les déchets humains en terre fertile ». Cette terre est à son tour utilisée pour faire pousser des produits horticoles, consommés notamment pendant la période de montage des structures avant le festival. Pendant les jours du festival, 315 personnes travaillent en permanence à la propreté de l'enceinte, ce qui n'empêche pas l'éparpillement permanent des mégots de cigarettes sur le sol. Mais il y a aussi les 45 zones de restauration (et leurs systèmes de chargement et de déchargement respectifs), les équipes de sécurité, les centres de premiers secours, les bureaux de coordination de l'ensemble du festival, ainsi que les techniciens chargés de l'entretien des puissants équipements sonores, qui constituent l'attraction principale du festival.

Il existe un point critique où la taille de l'enceinte, la complexité logistique de l'organisation de l'événement et la présence de la foule entrent en contradiction avec les attentes alternatives, qu'elles soient politiques ou culturelles. Les doutes sur la présence de distributeurs automatiques de billets nous permettent de mesurer la nature exacte de cette tension. Malgré les longues files d'attente pour retirer de l'argent, les organisateurs affirment que, pour la prochaine édition de cet événement, il n'y aura plus de distributeurs automatiques de billets : « être au Boom Festival, ce n'est pas comme être dans un centre commercial », a-t-on dit, reflétant bien ce doute majeur :
… les opinions divergent parmi les Boomers sur ce qui attire toujours plus de participants : pour certains, l'esprit du festival est perdu ; pour d'autres, cette situation montre que de plus en plus de gens sont imprégnés de l'esprit de la psytrance, de la culture psychédélique et des modes de vie alternatifs.
Les organisateurs du festival assurent que leur objectif est la qualité, « à l'avenir, il y aura moins de billets disponibles ». 

© Valter Vinagre
© Valter Vinagre

La poule et l’œuf 

L'épicentre du Boom Festival est le Dance Temple, une cathédrale construite en bambou. Sa taille est colossale (avec un diamètre d'environ 75 mètres et des tours mesurant entre 25 et 31 mètres de haut) et sa complexité technique est évidente. L'ensemble de l'édifice présente un plan cruciforme composé de quinze voûtes, entourées d'une série de tours auxquelles sont suspendues quatre « feuilles » qui couvrent plus de quatre mille mètres carrés de piste de danse. Le centre d'attention se porte sur la scène, qui se trouve à l'une des extrémités de la croix, vers laquelle pointe la légère pente du terrain, bien que la force verticale des structures en bambou donne naissance à un espace isotrope. Les tours sont les éléments les plus intrigants d'un point de vue formel. Elles sont composées de six nervures verticales et subdivisées en trois niveaux structurels (base, arbre et spirale), reliés entre eux par des courroies, des anneaux et des vis métalliques. Ces tours supportent un mât qui permet de suspendre les câbles qui donnent forme aux toiles, et sont également utilisées pour incorporer l'éclairage décoratif qui donne à la structure son aspect nocturne. À l'endroit de la base où le diamètre est le plus long, un anneau de contreforts a été planté pour soutenir des toiles d'un rayon de sept mètres, qui sont reliées aux quatre feuilles et à la croix centrale et complètent la composition. La construction en bambou est complétée par un important dispositif technologique composé d'une série de fils reliant la zone de contrôle, la scène et les nombreux points de diffusion du son, ainsi que par un remarquable dispositif ornemental.

La forme en spirale des tours a conduit leurs concepteurs à citer la Basílica de la Sagrada Família comme modèle, un projet à la recherche de la dimension sacrée de l'espace. Mais les structures textiles qui recouvrent le pavillon semblent être l'aspect le plus important, car elles servent à la fois à fournir de l'ombre à la foule de danseurs et à garantir les meilleures performances acoustiques possibles pour la tente. La qualité du son est extraordinaire et la structure de bambou et de toile se transforme en une caisse de résonance qui absorbe et amplifie le son. Il s'agit peut-être du vieux problème de l'œuf et de la poule : qu'est-ce qui est arrivé en premier ? Comme les concepteurs du projet, qui ne confirment ni n'infirment rien, François Baudson nous a dit :
L'architecture du temple de la danse, en tant qu'espace de communion profondément influencé par la Sagrada Família, était certainement plus puissante que le son.
Tout d'abord, les gens se rassemblent dans cet "espace sacré" pour profiter de l'expérience du son. Les grandes tours de haut-parleurs à pavillon que nous avons construites pour Funktion-One étaient une tentative d'offrir quelque chose entre le son et le design... Et, en fin de compte, il ne s'agit pas seulement d'architecture.

Cette ambiguïté dans la lecture du bâtiment est également confirmée par Gerard Minakawa :
Je ne sais pas si le fait d'être à l'intérieur d'un gigantesque haut-parleur est une bonne ou une mauvaise chose, mais nous avons dû soumettre la conception structurelle à l'équipe de Function One avant de construire quoi que ce soit. Ils ont beaucoup contribué au processus dès le début.

Nous avons également retrouvé le même conflit entre la raison et l'émotion dans la conversation que nous avons eue avec André Soares, l'un des architectes du Boom Festival. La pratique du projet est ancrée dans des préoccupations idéologiques ou conceptuelles, de sorte que la raison de la construction et ses supports technologiques ne font que fournir les outils nécessaires à l'exécution du travail. Bien que ces outils déterminent le développement du projet, il est absurde de focaliser l'attention sur ces aspects : s'ils étaient différents, l'œuvre finie le serait aussi, mais l'objectif serait le même.
Si la conception du temple de la danse a été confiée à Gérard Minakawa et François Baudson, le modèle tridimensionnel utilisé pour les calculs structurels et le contrôle de l'exécution a été développé par la Mexicaine Alejandra Sotelo Cortés. Une autre équipe a conçu les toiles du toit et d'autres artistes ont également collaboré à la conception formelle des portes d'entrée, tandis que l'équipe de Funktion-One a conçu la performance sonore. Contrairement aux autres pavillons du Boom Festival, les prérequis du pavillon en bambou sont fondamentaux. La technologie adoptée exige un contrôle de sa représentation et de ses détails qui se rapproche du travail de design industriel, en s'éloignant de la conception de modèles de représentation conventionnels. Les plans de masse, les coupes transversales et les élévations n'ont de sens qu'en tant que représentations schématiques qui guident la distribution du câblage des systèmes de sonorisation et d'éclairage. La simplicité apparemment naturelle de l'œuvre, très appréciée par les Boomers, n'est rendue possible que par la sophistication technologique qui sous-tend le projet. Ce paradoxe, loin d'être une contradiction, est au cœur même de la culture des Boomers. La technologie offre les outils nécessaires pour dépasser les limites conventionnelles et ouvrir la voie à la construction d'une société plus belle. Les architectures du Boom Festival sont le reflet de ces expériences.

© Valter Vinagre
© Valter Vinagre

Une architecture exemplaire 

L'espace du festival est rempli de gens qui vont et viennent. Les Boomers se frayent un chemin entre le Temple de la Danse et les Jardins Chill Out, ou entre le Cercle d'Alchimie et le Pavillon Liminal/Musée de l'Art, contemplant le Feu Sacré à l'ouest de l'enceinte ou mangeant sous les tentes à l'est, se baignant à la Funky Beach ou se rendant jusqu'aux zones de camping. Le mouvement n'est pas aléatoire, le téléphone portable est la technologie fondamentale de navigation (et de rencontre), et chaque construction est comme un phare qui guide les déplacements. Il n'y a pas de réseau d'infrastructures qui ordonne le terrain. Il n'y a que des constructions, chacune avec son symbolisme capricieux, qui s'imposent comme des points de repère et contribuent à structurer le paysage. Chaque étape, ou chaque fonction, assume son rôle de monument, dans la mesure où elle est organisée de manière autonome et où elle est capable de générer des références dans l'ensemble de la structure.

Les œuvres sont très différentes, mais semblent toutes naître d'une passion spécifique. Les Chill Out Gardens sont peuplés de créatures modelées dans la terre, il y a divers paniers et nids qui invitent les gens à passer du temps ensemble de manière intime, et chacune de ces pièces a son propre artisan, qui les construit à leur place, en travaillant en harmonie avec les autres constructeurs, qui mettent leur propre empreinte sur leur travail.

 Vu sous un autre angle, il y a des points de repère particuliers, comme la Wish Tower, une tour aux couleurs vives et lumineuses conçue par le collectif Like Architects. D'autres scènes sont des structures plus ou moins conventionnelles. Au milieu de cette biodiversité d'architectures, l'un des points forts, outre le temple de la danse, est le pavillon liminal.

Le Pavillon Liminal est une salle de conférence construite en superadobe, une technique qui utilise de l'argile emballée dans des sacs de terre en propylène, et qui permet de construire des murs aux formes organiques, comprimés et empilés, mais sans avoir recours à l'utilisation de coffrages. Les murs circulaires construisent diverses niches à la résistance thermique remarquable (offrant aux Boomers de petites pièces fraîches contrastant avec la chaleur de l'Idanha), et ces niches façonnent un espace intérieur recouvert d'un auvent, tendu entre la scène et une série de mâts adossés aux courbes du superadobe. André Soares, l'architecte, souligne le rôle fondamental du travail de collaboration qui a présidé à sa construction. L'équipe discute du projet, et chacun apporte ses compétences particulières à la formation d'une œuvre collective. Une grande place est laissée à l'improvisation, profitant non seulement des difficultés inattendues pour apporter de nouvelles solutions, mais surtout des compétences et de l'engagement de chacun des collaborateurs-constructeurs. L'œuvre devient un lieu d'expérimentation, mais, comme le souligne l'architecte, elle devient surtout un lieu de « célébration de la connaissance ». L'esquisse initiale lance la « graine d'idée » et offre à chaque travailleur la possibilité de partager son plaisir et ses compétences particulières, en coordonnant et en intégrant ces contributions dans une construction organique. C'est un hommage à « l'architecture sans architectes », mais plus encore, l'idée d'un projet qui ouvre d'autres voies à la notion d'efficacité. Comme le dit André Soares, « le travail se fait sur la construction elle-même, et non sur le projet. On ne peut pas être prisonnier du projet ».

La face la plus explicite des possibilités ouvertes par la connaissance et la maîtrise technologique se manifeste dans la gestion des ressources urbaines. L'utilisation d'énergies renouvelables, notamment solaires, le traitement organique de l'eau et le compostage des déchets combinent le raffinement technologique avec la volonté d'une utilisation consciente des ressources (10 % des matériaux de construction sont recyclés, la plupart provenant du festival Rock in Rio, 60 % sont des matériaux naturels et seulement 30 % sont des matériaux industriels).

En 2014, le Boom Festival a été organisé pour la dixième fois, dix-sept ans après sa première édition. C'était également la quatrième fois que le festival se tenait à Idanha-a-Nova, et la deuxième fois qu'il se tenait sur le même site, qui est désormais destiné à accueillir les prochaines éditions. Cette fixation progressive du lieu s'est accompagnée d'un changement substantiel : ce qui était auparavant une occupation temporaire du site deviendra désormais une affaire permanente.

Expérience psychédelique

Les Boomers sont des créatures uniques. Ils se déplacent la nuit à la recherche de la bonne scène, de l'expérience physique du son et du plaisir des sens, toujours avec le sourire. Le Boom Festival est un monde à part, un univers clos où tout semble avoir un sens, une expérience rendue encore plus rapide par la combustion psychotrope qui se lit sur les visages et les corps dans la chaleur torride de la région portugaise de Beira Baixa. L'architecture peut-elle aussi être ainsi ?

André Tavares est architecte, chercheur, curateur et éditeur. Directeur depuis 2006 des éditions Dafne, il a dirigé le Jornal Arquitectos de 2013 à 2015 et fut le co-commissaire de la Triennale

d’architecture de Lisbonne en 2016, The Form of Form. Chercheur à la Faculté d’architecture de l’université de Porto, il a notamment publié The Anatomy of the Architectural Book (Lars Müller/CCA, 2016), L’Étoile filante Charles Siclis (B2, 2016), Architecture Follows Fish (MIT Press, 2024) et Vitruve hors texte (La Villette, 2024).

Les images illustrant cet article ont été fournies par Valter Vinagre, auteur d’un ouvrage sur le Boom festival.  

© Valter Vinagre
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