• Réparer la Maladrerie

  • L'ANRU peut-elle s'ouvrir à la co-construction?

Le Collectif de la Maladrerie, qui œuvre depuis des années pour la sauvegarde de ce quartier emblématique d'Aubervilliers, se bat aujourd'hui pour que la rénovation puisse se faire avec la participation des habitants.

La maladrerie offre des logements de qualité en rez-de-chaussée.©arc en rêve
La maladrerie offre des logements de qualité en rez-de-chaussée.©arc en rêve
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L'imbrication du végétal est du bâti est une caractéristique de l'architecture de Renée Gailhoustet. ©arc en rêve
L'imbrication du végétal est du bâti est une caractéristique de l'architecture de Renée Gailhoustet. ©arc en rêve

Cela fait bientôt deux ans que l'architecte Renée Gailhoustet est décédée. Jusqu’à sa mort, elle vivait encore dans l'appartement au cœur du grand ensemble qu'elle avait conçu au début des années 1970, la cité du Liégat, à Ivry-sur-Seine. Si une grande exposition rétrospective de son œuvre se fait encore attendre, ses ensembles admirables et fragiles sont pour la plupart au cœur d’enjeux de rénovation. C'est le cas de la Maladrerie, le quartier qu'elle avait construit à Aubervilliers à la fin des années 1970.

Architecte en chef de la ville d'Ivry-sur-Seine, épaulée par une équipe d'architectes de talent dont Yves et Luc Euvremer, Renée Gailhoustet est à l'origine de ce vaste quartier déployé sur 8 hectares, qui compte plus de 900 appartements locatifs. La vision qu’elle partage avec son partenaire et compagnon Jean Renaudie est celle d'une rupture radicale avec la modernité orthogonale et hygiéniste. À la fin des années 1960, la « sarcellite », maladie du mal-vivre dans les grands ensembles, est en effet déjà une préoccupation de la société et un sujet polémique, comme en témoignent de nombreux films de l'époque (il suffit de revoir le générique de Mélodie en sous-sol d'Henri Verneuil pour s'en convaincre).

Pour Gailhoustet, il faut réintroduire de la complexité dans la forme de l’habitat et de la surprise dans les compositions urbaines. Proche des théories de la Team 10, elle s’efforce de créer des parcours variés, de diversifier les atmosphères et d’imbriquer le bâti et le végétal.

À Aubervilliers, sa réponse prend la forme d'un quartier organique dont les appartements sont dotés de vastes terrasses végétalisées. On entre à la Maladrerie comme dans une cité médiévale, pour y découvrir des chemins courbes, des placettes, des passerelles et toute une série d'éléments qui, malgré leur solide construction en béton brut, ont mal vieilli, faute d'entretien.

En effet, comme pour la cité des Poètes à Pierrefitte-sur-Seine, le bailleur social a longtemps négligé l’entretien de ces immeubles, s’imaginant qu’à terme une démolition/reconstruction serait inévitable. C’est sans compter le Collectif des associations et habitant·e·s de la Maladrerie, qui se bat aujourd’hui pour la sauvegarde de l’ensemble. Aujourd'hui, le quartier brutaliste est protégé et fait l'objet d'une rénovation dans le cadre du programme ANRU. Une rénovation qui, pourtant, ne fait pas l’unanimité.

Le collectif d'habitants à l'origine de la sauvegarde du quartier aurait souhaité un chantier participatif, où les habitants auraient pu être associés aux choix d'aménagement. Au lieu de cela, ils se trouvent aujourd’hui confrontés à une procédure standardisée, avec son lot d'actes génériques, peu adaptés à l'architecture singulière de Gailhoustet.

Nous publions aujourd'hui un document produit par cette association, qui non seulement révèle le décalage entre l'intervention attendue et ce qui se passe réellement, mais documente aussi admirablement le quartier et le chantier de rénovation en cours.

La rédaction d’arc en rêve