













Le fil conducteur de cette patiente recherche, c’est « écouter et regarder ». Mark Lyon et Anne-Claire Dufour ont joué du bouche-à-oreille pour rencontrer 34 jeunes gens de moins de 30 ans alors que notre société vit une crise majeure. À partir d’une liste de « croyances » définie au préalable – et adaptée à mesure –, liées à la survie, au spirituel ou à certaines pratiques, ils ont enquêté. Pour saisir ces portraits sur le vif, ils ont été épaulés par l’association Jeunes de Saint-Augustin qui les a aiguillés aussi bien vers des profils à rencontrer que vers des « passeurs » qui les ont menés vers d’autres. La rue s’est également révélée un territoire propice pour ces rencontres spontanées.
C’est finalement un rhizome interculturel qui s’est dessiné, et qui a permis d’accéder à des lieux (une mosquée, la bibliothèque universitaire ou des clubs sportifs) qui se sont fait supports de ces rencontres. Ces deux enthousiastes se félicitent d’avoir échangé avec « des gens merveilleux, des joyaux ». En une demi-heure, chacune et chacun témoignait à la première personne des motivations qui le définissent et de ses aspirations, dans le lieu de leur choix. Les deux photographes qui assurent avoir beaucoup appris sur le terrain ont été touchés par une jeune génération « très engagée et très dynamique, réfléchie, et empreinte de l’envie de donner quelque chose à la société ». Le résultat, de nature documentaire, mêle les clichés argentiques de Mark Lyon à l’enregistrement de leur témoignage. Ce travail au long cours, développé en deux ans, leur a permis, disent-ils « de grandir au cours du projet ». Chaque rencontre était marquée par un temps suspendu, ce dont leur travail conjoint, sensible et juste, témoigne. Les visiteurs de l’exposition ne s’y méprennent pas et passent à leur tour un moment à écouter les propos recueillis en regardant les images défiler.