Pour Junya Ishigami, l’architecture est un univers aux possibilités infinies, tout à la fois un accumulateur de savoirs et un champ d’expérimentations prospectives. Sa démarche qui allie science et poésie, est fondatrice d’un processus de création onirique qui transmute le rêve en réalité. Il s’inspire essentiellement de la nature, conceptualise méthodiquement ses projets et cherche toujours à en repousser les limites. D’une simplicité apparente, ses travaux sont riches de complexité. Ils contiennent et ouvrent à la complexité des mondes où nous vivons. Ils bousculent les frontières entre design, architecture, urbanisme, paysage, et géographie.
Cette recherche obstinée de la transparence et de la légèreté dépasse l’esthétique minimaliste. Elle est fondée sur l’exigence de débarrasser l’architecture des apparences et du futile pour atteindre, la parfaite harmonie. L’architecture doit s’effacer pour créer un environnement total qui célèbre la nature. L’exposition présente 56 projets avec maquettes expérimentales, petites, grandes, en métal, en bois ou en carton, blanches ou colorées. Densités, transports, paysages, structures, échelles, urbain/rural sont autant de thématiques explorées par Ishigami.
Ces maquettes constituent un corpus qui pose en filigrane la question : en quoi, comment l’architecture peut-elle ré-enchanter le monde ? Cette vision de la relation de l’Être à son environnement, cette invitation à concevoir autrement les façons d’habiter, sont merveilleusement offertes aux visiteurs de l’exposition. Cette présence-absence de l’architecture cultive l’ambiguïté des limites entre plein et vide, architecture et nature, artificiel et organique, et génère des espaces inouïs. Junya Ishigami a, en quelques années, ouvert la voie au dépassement possible de la technique, pour construire un univers poétique, et des formes habitables, de l’infiniment petit à l’infiniment grand.