L’exposition Moteur Action Forme rassemble des artefacts provenant des laboratoires dirigés par Stéphanie Bru et Alexandre Theriot à l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH), ainsi que de l’agence Bruther à Paris. Elle comprend des échantillons de matériaux, des maquettes structurelles, des dispositifs infrastructurels, des systèmes électriques et électromagnétiques, des prototypes de meubles et des petites architectures, mais aussi toute une série d’expériences avortées, de manipulations ratées ou de découvertes furtives, captées uniquement sur la pellicule d’un film.
Ces artefacts ne sont pas simplement transférés du laboratoire au musée. Le parti pris est au contraire de les mettre en relation les uns avec les autres, indépendamment de l’expérience spécifique originaire, pour dégager une réflexion plus générale sur les conditions de l’architecture contemporaine. En effet, ce qui caractérise la pratique et la recherche chez Bruther, c’est un intérêt particulier pour la dimension opératoire de l’architecture, que ce soit par rapport à la résistance des matériaux, à l’efficacité structurelle, aux normes climatiques, ou – de manière plus prosaïque – à la réduction des coûts. Cependant, au-delà d’un déterminisme technique, économique ou administratif réducteur, la matière est ici active, la structure informe, le programme ouvert aux potentiels usages.
Comme clé d’entrée, l’exposition propose pour chaque salle une lecture thématique (verre, membrane, structure, air, atmosphère) qui permet d’observer plusieurs modes opératoires. Cette première clé de lecture peut être relue à travers des associations dynamiques (mouvements mécaniques, pneumatiques, électromagnétiques), s’établissant à travers les axes longitudinaux de la galerie. Ceux-ci relient autant visuellement qu’acoustiquement les salles entre elles, générant ainsi une mise en abyme d’associations qu’il s’agit de découvrir.
Carlotta Darò et Laurent Stalder