L’héritage culturel qui marque l’architecture en Amérique latine est celui de son histoire, riche de métissages (africain, indien, espagnol, portugais) violentée par le colonialisme, les dictatures, et l’hégémonie nord-américaine.
Le déplacement de l’économie coloniale au profit des métropoles, vers une économie moderne, capitaliste, responsable de la dépendance du peuple, a servi le développement du Nouveau Monde, au détriment des communautés locales spoliées par les divers pouvoirs prédateurs.
Les utopies modernistes ont certes imprimé leurs traces au vingtième siècle avec des logements sociaux gigantesques (par exemple la résidence Pedregulho à Rio de l’architecte Affonso Reidy) cependant le néolibéralisme a rapidement, implacablement, creusé les inégalités sociales en se substituant aux politiques publiques. Les discriminations sociales se sont aggravées sous les forces de la mondialisation qui ont accéléré le phénomène global d’urbanisation, et dans le même temps l’expansion des favelas, où s’installent et s’organisent les plus démunis, de plus en plus nombreux.
C’est dans ce contexte que la nouvelle génération d’architectes renoue avec l’obligation sociale de l’architecture. 59 projets de jeunes architectes latino-américains, non sans écho au double héritage amérindien et européen, sont présentés dans l’exposition. Ils sont situés en Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, Équateur, Guatemala, Honduras, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pérou, Salvador, Uruguay, Venezuela. Engagement social, rapport au paysage, préoccupation environnementale, innovation constructive, diversité des approches et des pratiques; ces réalisations aux échelles et aux programmes multiples (maisons, logements collectifs, édifices publics, lieux communautaires), témoignent toutes d’une créativité architecturale renouvelée en Amérique latine.